novembre 22, 2024
Chicago 12, Melborne City, USA
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GЯEG, l’île Maurice sans filtre


Qui dit GЯEG dit « Dembow Tronico ». Deux ans se sont écoulés depuis la sortie de ce banger absolu que l’on vous partageait sur PAM en avant-première. Un morceau-signature du Mauricien qui, dans le sillon de King Doudou, trouva rapidement sa propre recette pour renverser un dancefloor en tant que producteur. Retour à l’été 2019. Fraîchement atterri à Paris, GЯEG cherche à trouver un réseau pour partager sa musique et intègre le collectif Boukan puis LA CREOLE. Catalysés par l’énergie et la bienveillance de Vincent-Frédéric Colombo, Fanny Viguier et du public, les DJs résidents se voient pousser des ailes. Entre les turbines club produites par l’icône fashion Lazy Flow et l’intégration de Sylvère sur l’énorme label Monkeytown records, GЯEG ne s’est pas gêné pour profiter du tremplin, devenant alors l’un des DJs les plus en vue de sa génération. Ce chien fou des platines est logiquement devenu l’homme à booker d’urgence, lui qui sait se montrer complet en alliant rapidité, technique irréprochable, sélection imprévisible et déchaînement du corps. A 22 ans, le jeune Grégory grimpe un nouvel échelon en injectant ces mêmes ingrédients dans son nouvel EP Jazz Net, plus nerveux et sombre que son premier bébé Eau Coulée Smart City. Qualifier ces quatre titres de « mutants » sonnerait comme un euphémisme, tant l’éventail d’influences est large. Gqom, shatta, techno, footwork, dancehall ou UK bass ; tout ce qui séduit les oreilles de GЯEG s’entend de près ou de loin sur ces quatre titres sauvages qui oscillent entre 95 et 130bpm, secondés par deux remixes du Nantais Simo Cell du fameux « Dembow Tronico ». Derrière sa tranquillité apparente, le Mauricien cache ce côté bulldozer qui le pousse à jouer ce qu’il veut quand il veut, tant dans ses DJ sets que dans ses productions, en témoigne ce Jazz Net. Fraîchement réveillé d’une session musicale avec son ami Bamao Yendé la veille, GЯEG a répondu à notre appel pour discuter de ce nouveau jalon discographique.

Photo : Raoul Rampare
En 2021, tu sortais Eau Coulée Smart City, avec le banger « Dembow Tronico »… T’attendais-tu à un tel succès ?

Honnêtement pas du tout, c’était surprenant. La base du morceau a été trouvée rapidement avec King Doudou. C’est marrant de voir que les gens jouent encore le morceau jusqu’à maintenant !

Tu faisais référence à tes origines, et en particulier à ta ville. Quelle est l’histoire qui se cache derrière ce nouvel EP ?

Le thème est toujours rattaché à Maurice et au Créole. Cette fois, il s’agit plus d’expressions locales. « Jazz Net », c’est un peu la nouvelle expression que tous les jeunes chanteurs utilisent en ce moment à Maurice. Ça veut un peu tout et rien dire et ça dépend de la chanson ! Par exemple sur le morceau de Joker Cartel, c’est jazz net dans le sens « roue libre ». Sur ce morceau de Tii Alexandre, c’est un peu plus « je te fais planer » en mode « la ride ». Je n’ai pas entendu cette expression ailleurs que dans un contexte musical pour l’instant.

En étant installé à Paris, comment restes-tu connecté à ton île ?

Il y a SoundCloud, la scène shatta y est très active et des artistes postent des morceaux tous les jours ! Aussi, je suis retourné à Maurice de novembre à janvier. J’y ai capté plein de vibes locales, de nouvelles idées, c’était un peu comme un retour aux sources. J’avais commencé l’EP avant, et trouvé tous les titres. Il m’en fallait un pour l’EP, et cette expression « Jazz Net » fait très bien l’affaire !

On ne va pas s’amuser à définir ta musique… Par contre, comment s’y matérialisent les influences de Maurice ?

Je pense qu’on l’entend surtout dans les rythmes. Dans les drums, il y a toujours quelque chose de très dancehall, afro ou percussif, qui y fait référence de près ou de loin. Je suis batteur à la base. Quand je fais de la musique, je suis à l’aise avec la batterie et les percussions, c’est là qu’on retrouve mon côté « Maurice ».

Que représente le visuel avec le téléphone cassé ?

Anecdote assez drôle… Quand j’étais à Maurice, nous sommes allés pêcher avec un ami à moi. On était en kayak, assez loin des côtes. On a eu un souci avec le bateau, et il a coulé avec tout notre matériel et nos affaires. Au final on s’en est sortis avec quelques mini blessures, mais j’ai perdu mon téléphone ! L’idée est partie de là, je me suis dit que c’était un bon clin d’œil.

As-tu produit cet EP en réfléchissant à ce que tu voudrais jouer en DJ set ?

Il y a sans doute toujours cette idée qui plane de façon un peu inconsciente, car tous les sons que je produis sont faits pour être joués en club, en tous cas pour l’instant. Concernant les influences, à aucun moment je me demande quel style je vais mélanger avec un autre, c’est automatique. Je ne me pose pas la question, tout se fait naturellement au moment où je produis.

Tu joues beaucoup de genres différents, tu es rapide, tu as la technique… Quels sont selon toi les ingrédients qui composent un bon DJ ?

Le plus important, c’est avant tout la sélection. Ça représente pour moi plus de la moitié du travail ! Après, je dirais la manière d’amener cette tracklist, et enfin, la technique pure et dure. J’ai deux cousins qui étaient DJ en France et qui revenaient souvent à Maurice. Ils m’ont pas mal inspirés pour commencer à mixer. Mon top 3 de DJ favoris de tous les temps, c’est Teki Latex, Jarreau Vandal et Ben UFO. Les trois n’ont rien à voir ensemble, mais chaque fois que je les entends jouer, je pète des câbles !

Quel est ton banger absolu du moment, celui qui ne quitte jamais ta clé ?

C’est DJ Sosa RD avec « Toccame ». C’est un morceau reggaeton, avec un thème de Bach typique d’une bande-son d’Halloween !

On t’a vu en b2b avec Kampire, Simo Cell ou Teki Latex, qu’est-ce que tu aimes dans cet exercice, et en particulier avec ces artistes ?

On ne connaît pas forcément les tracks de l’autre ! A chaque fois que c’est à toi de mettre un son, tu essaies de jouer un track au moins aussi bon que le précédent, ou de trouver un truc dans la même tonalité. Je kiffe ce côté surprise. C’est comme si tu jouais un set dans lequel tu n’avais jamais joué la moitié des tracks. On ne sait jamais trop ce qui va se passer !

J‘ai l’impression que l’avenir a souri aux DJs résidents de LA CREOLE, qu’il s’agisse de Sylvère, Lazy Flow ou toi. Que représente ce crew pour toi ?

C’est un peu le point de rencontre entre Lazy Flow, Sylvère et moi. Au-delà de la rencontre avec eux, c’est la rencontre avec les danseurs, et le public d’habitués des soirées. Il y a une bonne énergie, il y a un côté famille. Ça a été le moyen pour moi de mettre en lumière ce que je faisais. Sans eux, je n’aurais pas forcément eu autant d’opportunités pour montrer ce que je faisais. Ça a été la soirée, la scène, la plateforme où je pouvais vraiment tout jouer, sans filtre. Il y a très peu de soirées comme ça !

Tu as déjà bossé avec du beau monde, est ce qu’il y a des artistes avec qui tu rêverais plus que tout de travailler ?

Rosalía, d’office ! Pharrel aussi… Que des artistes déjà énormes. Jay Mitta, je kifferais, mais j’avoue que c’est en cours donc je suis content, il est très chaud ! Tant qu’on y est, je rajoute à cette liste Natoxie !

Au-delà de ce bel EP, à quoi peut-on s’attendre pour 2023 ?

J’ai commencé une collaboration avec Louis Hoffman, je vais démarrer une résidence au Rex à la fin de l’année, et je travaille déjà sur un autre EP solo. Tous ces projets sont différents musicalement, mais je m’y retrouve !

Pour ceux qui veulent te trouver sur internet, comment on fait un R à l envers sur un clavier ?

La technique, c’est qu’il faut mettre le clavier en cyrillique !

L’EP sortira le 13 avril sur Lavibe, commandez-le ici.





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