La capitale congolaise, avec ses avenues congestionnées et ses infrastructures en décrépitude, sort de cinq ans de gestion chaotique du gouverneur Gentiny Ngobila. La nécessité de changement est palpable dans chaque quartier, chaque rue inondée et chaque bâtiment délabré. La population aspire à une gouvernance qui pourrait redynamiser la ville, mais les acteurs en place semblent poursuivre des intérêts personnels et partisans plutôt que le bien commun.
Une affaire révélatrice s’est déroulée dans les sombres sous-sols des immeubles River Tower où des députés provinciaux ont été observés retirant des véhicules tout-terrain flambant neufs, prétendument offerts par Daniel Bumba, candidat à la gouvernance soutenu par l’UDPS. Le samedi 27 avril dans la soirée, alors que les rues de Kinshasa s’habillaient de leur manteau nocturne, une agitation inhabituelle régnait dans les tréfonds des parkings souterrains des immeubles River Tower, non loin du quartier huppé de Gombe. Ces tours jumelles, érigées comme des sentinelles de verre et d’acier, abritaient une scène qui pourrait bien ébranler les fondations même de l’intégrité politique de la ville.
Des preuves de corruption
Dans l’obscurité enveloppante, des silhouettes se détachaient autour de véhicules tout-terrain flambant neufs, présumés dons d’un candidat à la gouvernance de Kinshasa. Ces automobiles, encore dépourvues de plaques, portaient les noms de députés provinciaux inscrits en lettres audacieuses sur leurs carrosseries brillantes. Parmi elles, une certaine Patricia Tshala Mwela, suppléante du député Auguy Kalonji, et ses collègues de la coalition 4AC-UDPS, Wema Nicolas et Steve Mulumba, semblaient être les bénéficiaires privilégiés de cette largesse suspecte.
Coïncidence troublante, Daniel Bumba, un des prétendants à la mairie et protagoniste de cette distribution nocturne, occupait un bureau dans l’un des immeubles. Son appartement, le 102, était connu pour être un lieu de rencontres discrètes. Alors que la rumeur de ces échanges de faveurs enfle, les services de sécurité, alertés par l’anomalie de ces véhicules anonymes, sont arrivés sur les lieux.
Leur intervention a rapidement pris une tournure dramatique. « Acculés, des associés de Bumba ont tenté une diversion audacieuse, prétendant que ces véhicules appartenaient au Procureur Général de la Cassation« , rapportent plusieurs médias congolais en ligne. « Mais les caméras de sécurité, témoins muets de cette comédie, pouvaient clairement identifier les véritables acteurs de cette scène », ajoute notamment AfricaNews sur son compte Twitter.
Peu après, le couperet de la justice s’est abattu : sept Toyota Prado Txl furent saisis et acheminés à l’Agence Nationale de Renseignements, tandis que d’autres jeeps étaient confisquées et parquées sous haute surveillance. Un major de police, proche de Bumba, ainsi que trois de ses collaborateurs étaient arrêtés, signe indéniable que les autorités n’allaient pas laisser cette affaire s’évaporer dans l’indifférence générale.
Les rumeurs de corruption, longtemps chuchotées dans les couloirs du pouvoir, semblaient se matérialiser sous les yeux de tous. Et alors que l’heure du vote approchait, la capitale retenait son souffle, guettant les prochains développements de ce théâtre politique où la vérité semblait aussi mobile et insaisissable que les ombres dansant autour des River Towers.
L’UDPS à la manoeuvre
Les semaines précédant les élections ont vu des rapports croissants de candidats et de la société civile dénonçant des tactiques d’intimidation et de corruption. Des députés auraient été enfermés dans des hôtels de luxe, une méthode visant à garantir leur vote selon les directives de l’UDPS. Cette stratégie, combinée aux cadeaux de véhicules, dépeint une campagne électorale marquée par le désespoir et l’illégalité.
Face à l’ampleur de la corruption, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, a lancé un appel urgent aux procureurs généraux des provinces pour réprimer toute infraction lors des élections à venir. Son appel insiste sur la nécessité de collaborer avec la CENI pour prévenir toute manipulation du vote, soulignant un engagement envers la justice et la transparence.
En pleine controverse, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a présenté avec éclat Daniel Bumba comme le candidat officiel du parti lors d’une matinée politique vibrante. Bumba, proclamé « fils de la maison », a reçu un accueil chaleureux de la part des militants, bien que son éligibilité et son intégrité soient largement remises en question. Son ascension, orchestrée par Kabuya et perçue comme le fruit d’une politique d’arrière-garde, met en évidence le fossé entre les aspirations du peuple et les machinations politiques.
Alors que Kinshasa se prépare pour une élection qui pourrait déterminer son avenir, les enjeux n’ont jamais été aussi élevés. Entre les promesses de changement et les réalités d’une politique corrompue, les citoyens de Kinshasa attendent avec impatience de voir si la justice et la volonté du peuple prévaudront sur les manœuvres de ceux qui cherchent à manipuler le pouvoir à leur propre avantage.
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