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Ituri: deux ans après, l’état de siège à l’heure du bilan


Du 06 mai 2021 au 06 mai 2023, deux ans maintenant depuis que l’état de siège a été décrété par le chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

L’état de siège est un régime spécial de légalité. Il correspond à un degré supérieur de l’état d’urgence. Celui-ci renforce les pouvoirs des forces de l’ordre et confère aux autorités civiles des pouvoirs exceptionnels alors que dans le cas de l’état de siège, les autorités civiles sont remplacées par les autorités militaires. Dans cette situation, l’armée assure la sécurité des citoyens à la place de la police.

Les libertés publiques peuvent également être restreintes dans ce régime. Les autorités militaires peuvent dans ce cas perquisitionner les domiciles jour et nuit, interdire les réunions qui peuvent être considérées comme atteinte à l’ordre public. Sous le régime de l’état de siège, les autorités militaires peuvent également interdire la circulation des personnes.

L’état de siège permet également une extension de la compétence des tribunaux militaires qui peuvent connaître des infractions commises par des civils.

Etat de siège : 2 ans après, quel bilan sur le plan sécuritaire ?

Bien-sûr cette mesure a été décrétée dans le but de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette province secouée par l’insécurité grandissante orchestrée d’une part par les groupes armés locaux et les étrangers des Forces démocratiques et alliés (ADF). Deux ans après, le bilan de cette période spéciale est jugée mitigée car la situation sécuritaire s’est détériorée davantage dans plusieurs localités des quatre territoires sur les cinq(5) que comptent cette province.

Lors d’un point de presse tenu à la fin du mois d’avril dernier a titre d’exemple, la société civile avait documenté au moins 473 civils à l’espace de 4 mois soit depuis le début de l’année 2023 en plus des centaines des maisons incendiées et des bêtes pillées par les miliciens. Ce qui, selon la société civile, justifie l’échec de l’état de siège.

Au cours de l’anniversaire de cette mesure , certains habitants contactés ont émis le vœu de voir la levée de ce régime. Ils ont demandé au gouvernement central de revoir d’autres méthodes pouvant faciliter le retour de la paix, car d’après eux le nombre des groupes armés s’est multiplié aux vues des autorités militaires en place.

« Les groupes armés se multiplient pendant l’état de siège ça montre que les autorités militaires ne sont pas venus pour éradiquer ces groupes armés mais leurs dorloter car si les miliciens étaient bien frappés,On devrait pas avoir d’autres qui se créent », a dit un habitant du centre de komanda au sud de la ville de Bunia, chef-lieu de la province.

Sur le plan infrastructure peut-on parler de la réussite ?

Si sur le plan sécuritaire ça n’a pas bien marché, ce n’est pas le cas sur le plan infrastructure. Durant ces deux années, plusieurs infrastructures ont été construites et aussi réhabilitées. C’est le cas du bureau administratif du territoire d’Irumu incendié par les miliciens en 2020 qui a été construit pendant cette période.

« Le gouvernorat de province, la tribune officielle de Komanda, la Mairie de la ville de Bunia ont été réhabilité par les autorités militaires mais que voulez-vous qu’elles fassent encore ? », s’est interrogé un autre habitant.

Devenu de plus en plus contesté pour son inefficacité, les députés de l’Ituri, la société civile et les mouvements citoyens continuent de réclamer la levée de l’état de siège malgré les efforts des animateurs de ce régime.

Reagan Bin Kakani à Irumu



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