À nouveau disponible le 17 mars, A Message From Mozambique est un chef-d’œuvre hors du temps, sublimé par le jazz cosmique et les aspirations du groupe Juju.
À la fin des années 60, sous la présidence de Richard Nixon et l’activisme d’Angela Davis, un groupe fait bouger les spots de jazz de la Bay Area avec un son inédit. « En tant que groupe, on jouait de nos instruments comme s’il n’y avait pas de lendemain, comme si l’œuvre de notre vie s’écrivait dans chaque session. On abordait nos concerts comme des rites religieux et notre musique hypnotisait, informait et éveillait les consciences », raconte James « Plunky » Branch, saxophoniste et fondateur du groupe Juju. Porté par l’amour de la musique et les valeurs de la libération noire, l’instrumentiste rencontre à San Francisco les futurs membres d’un groupe qui fera du bruit bien au-delà de la musique. Il rencontre d’abord le bassiste Ken Shabala et le flûtiste Lon Moshe, issus de la bande du mentor de Plunky, The Natives. Viennent ensuite les musiciens locaux adeptes des planches Al-Hammel Rasul aux claviers, Babatunde Lea aux percussions et Jalango Ngoma aux timbales. Ensemble, ils organisent des activités politiques et sociales dans leur ville et donne naissance, par la même occasion, à un merveilleux mélange de free jazz et de rythmes africains sur leur premier album « A Message From Mozambique ».
Sorti en 1973 chez Strata-East Records, A Message From Mozambique sert alors de porte-voix aux déclarations engagées du groupe. De son titre d’ouverture « (Struggle) Home » à son soutien aux « Soledad Brothers » détenus, le projet évoques les luttes menées tant aux États-Unis que dans des pays comme l’Angola, le Mozambique et l’Afrique du Sud. Qu’il dénonce la suprématie blanche ou le colonialisme, l’opus est éminement politique. De plus, Juju y livre des performances d’avant-garde, une approche innovante du jazz. « Ce disque était essentiel pour nous (Juju) car il s’agissait de notre premier album et je pense qu’il était également important dans la mesure où il était l’un des premiers exemples de fusion de rythmes africains avec du free jazz cosmique, porté par des déclarations politiques tournées vers l’internationale. »
50 ans plus tard, le label britannique Strut Records donne une seconde vie à ce disque intemporel, dont les 6 titres – y compris « Make Your Own Revolution Now », un titre de 11 minutes – sortiront en vinyle et sur les plateformes de streaming le 17 mars.
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