novembre 22, 2024
Chicago 12, Melborne City, USA
Music Music Popular

Les 10 meilleurs albums de février 2023


Abri Cyclonique

Polobi & the Gwo Ka Masters

Depuis son Abri Cyclonique, le mystique Polobi ressent toutes les vibrations de la forêt : le bruit des feuilles bercées par le vent, le ruissellement d’une rivière, le pépiément des oiseaux. Moïse Polobi voit tout, il entend tout et transforme ses sens en instruments de musique. Son gwoka (qu’il joue accompagné de ses musiciens, réunis sous le nom de Gwo Ka Masters) porte en lui les élements de sa Guadeloupe natale, et sa voix fait écho à celle de son peuple dont l’histoire est intimement liée à ce genre musical né au 17e siècle, après l’arrivée des premiers africains rendus esclaves dans les Caraïbes. Cet opus enregistré en collaboration avec le producteur franco-irlandais Doctor L dévoile un univers entre rythmes créoles, prises accoustiques et arrangements électroniques. Des titres les plus épurés comme « Neg Africa » au plus groovy « Ojéliya », Abri Cyclonique dévoile la diversité, la richesse et la beauté du gwoka. 

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Borga Revolution! 2

Various Artists

8 mois après le 1er volume, Kalita records envoie une nouvelle salve de burger-highlife, style caractéristique des musiciens ghanéens qui ont émigré en Europe à la fin des années 80. Le burger-highlife emerge dans les années 80 en Europe et en Amérique alors que les musiciens ghanéens fuient la tourmente politique et économique du pays. L’arrivée sur un autre continent rend les nouvelles technologies accessibles et abordables pour ces artistes, qui en profitèrent pour sauter dans l’ère numérique. C’est donc un furieux mélange de mélodies highlife, de synthétiseurs et de boogie qui prend d’assaut les ondes ghanéennes du début des années 80. À noter que parmi les 11 titres de cette compilation, on retrouve trois morceaux d’Alan Cosmos extrait de l’album Sunshine Music For Your Pleasure de 1985, certifié par son auteur comme étant le premier disque ouest-africain entièrement fait avec des instruments électroniques !

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Demi-écrémé

Ghoula

Après son premier opus Hlib El Ghoula, le producteur du label électronique Shouka Records Ghoula livre Demi-écrémé. À l’occasion de la sortie du single « Jougar », le producteur tunisien confiait à PAM l’histoire du titre. « Jougar est le nom d’un village dans les montagnes de Tunisie, au sein du gouvernorat de Zaghouan. En fait, je cherchais à enregistrer des voix de femmes et des chants oubliés, et j’y ai rencontré trois chanteuses que j’ai enregistrées. »  Cette manière d’approcher le son – par des voix prises aux détours de rencontres fortuites, des enregistrements en plein air ou encore des reprises tirés d’une collection de vinyles enrichie par ses voyages – rend les huit titres de ce nouvel album authentiques et fascinants. Du premier titre « Asslama » à la conclusion « Boussni », l’ogre Ghoula explore l’art du sampling, sur des sonorités à la fois traditionnelles, techno, groovy et house. 

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Elementos

Lokowat

Mystérieux et presque introuvable en dehors de Soundcloud et autres plateformes de streaming, Lokowat apparaît régulièrement dans les setlists jouées par les DJ lors de nos PAM Club. Pourtant, le producteur portugais reste une énigme, et jusqu’à présent, sa musique est le seul moyen de déchiffrer ne serait-ce qu’un peu le personnage. Une chose est sûre, Lokowat est un étudiant de l’Afro-house, du kuduro et des nombreuses variantes  de l’électro. Depuis 2020, il s’est montré très prolifique en livrant 5 EPs, dans la même veine que ce nouvel opus, intitulé Elementos. Cet album en 15 titres est un concentré de ces influences,  tagué « Loko ». Dès le premier titre, le ton est donné. « Chama » allume la mèche et les titres suivants oscillent entre tension palpable (grâce au violon synthétique de « Vento de Leste ») et rythmes endiablés (comme sur le bien-nommé « Ritmo Doido»). 

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INSHA

Nairobi Ableton User Community & KMRU

Compilé par la communauté collaborative du Nairobi Ableton User Group et le virtuose kenyan de l’ambient KMRU, l’opus « INSHA » explore les traditions ancestrales et modernes du Kenya. KMRU avait déjà compilé le LP Place : Nairobi en 2021, ainsi que le deuxième volume de la série Open Space, comme le soulignait PAM en 2022. Cette fois-ci, il invite 14 artistes à contribuer à un projet unique composé d’oeuvres intimes. Certains s’attaquent aux sentiments de perte de leur culture face à la colonisation, ou encore au rôle de la musique comme moyen d’évasion. D’autres abordent les thèmes de l’introspection, de la tradition, de la musique comme canal de thérapie, … INSHA rassemble des artistes de la scène ambient et électronique kényane, dont Nyokabi Kariũki, Manch!ld, Avom, Kimina, Snse, M³ et Munyasya, et se veut être une « passerelle entre les artistes du passé et du futur ».

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Mass Country

AKA

Sorti à titre posthume deux semaines après son assasinat, Mass Country est la dernière contribution d’AKA au patrimoine du rap sud-africain. Né au Cap et élevé à Johannesburg, Kiernan Jarryd Forbes, ou AKA, officie  depuis plus d’une décennie sur la scène nationale. En 2011, son album Altar Ego est extrêmement bien reçu par la critique et le public, et fait de lui l’un des artistes les plus en vue du pays. Les projets suivants, tels que l’album Touch My Blood en 2018 ou l’EP Bhovamania en 2020, confirme son statut en Afrique du Sud et à l’international. Au-delà de sa plume et de ses instrumentales dont il assurait en grande partie la production, AKA a su se distinguer par un style unique et des collaborations bien pensées. Mass Country en est la preuve, avec ses 15 collaborations pour 14 titres, dont Gyakie, Musa Keys et Nasty C sur les singles solaires « Paradise » et « Lemons (Lemonade) ». AKA laisse derrière lui un bel héritage, et un grand vide pour ses fans et le paysage rap sud-africain.

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Raven

Kelela

Céleste, futuriste, divine, … Indescriptible. En 2017, Kelela nous offrait l’excellent Take Me Apart, un chef d’oeuvre hybride et alternatif à l’image de son univers alien et hypnotique. Cinq ans plus tard, la chanteuse américaine fait enfin son retour avec un album de haut vol, toujours porté par une voix à la grâce aérienne, une aura captivante et des sonorités hors-du-temps. Le premier single – et introduction du projet – « Washed Away » n’avait livré que peu d’indice sur la teneur de ce nouvel opus, intitulé Raven. Une chose est sûre, Kelela est bel et bien au rendez-vous. Aidée par des producteurs de renom tels que LSDXOXO, Bambii, Yo van Lenz ou encore Kaytranada (sur le titre « On The Run »), Kelela dévoile une magnifique palette de 15 titres aux couleurs rnb, drum’n’bass, jungle, ambient et electro. 

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Sincèrement

Hamza

Le SauceGod marque un très grand retour avec l’album « Sincèrement ». Après deux opus drill aux couleurs sombres  – le trois titres 140BPM et son second volet plus long 140BPM 2 – le belgo-marocain Hamza revient à ses racines mélodiques infusées au rnb et ses phases signatures, sur 17 titres éccléctiques et efficaces produits (presque exclusivement) par son beatmaker fétiche Ponko. Le regard toujours tourné vers les États-Unis, le rappeur s’offre un featuring avec nul autre que l’ancien Migos Offset sur le banger « Sadio ». Il invite également le nigérian CKay sur l’envoutant « Cocoro ». Côté francophone, il continue sa série de collaborations mythiques avec son compatriote Damso. Cette fois-ci, l’ambiance est à la French Touch sur « Nocif », qui reprend l’air de « Soup for One » de Chic, popularisé par Modjo sur le titre « Lady ». Enfin, il retrouve Tiakola sur une deuxième partie plus douce du titre « Atasanté ».

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٣ (Trois)

Acid Arab

Dix titres, huit invités, cinq têtes pensantes, et un troisième album. Cinq ans après leur deuxième opus Jdid, le quinquette franco-algériens Acid Arab livre ٣ (Trois). Enregistrés entre Paris, Constantine et Istanbul, ce projet hypnotique électro-oriental oscille entre trance,  dabkeh syrien et raï aux accents robotiques. ٣ (Trois) est sublimé par des collaborations avec des artistes maghrébins, syriens et turques d’exception : le regretté Rachid Taha sur le titre « Rachid Trip », Cem Yıldız sur track rétro « Döne Döne », ou encore Rachid Saidi sur l’intro électro-raï « Leila ». Le groupe expliquait sa démarche lors d’une rencontre avec PAM : « notre but dans tout ça c’est d’enrichir ce que l’on fait, de participer à ce mélange que l’on défend. On a des invités récurrents, comme Sofiane Saïdi, qui font partie de la famille Acid Arab maintenant, et c’est un plaisir de travailler avec lui, et puis on invite aussi de nouvelles voix, au gré de nos envies et de nos rencontres ».

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Work Hard

King Ayisoba

Albert Apoosore, alias King Ayisoba est l’un des pionniers de la musique traditionnelle mainstream au Ghana. Il débute sa carrière de musicien  au début des années 2000 et attire alors l’attention du grand public des villes ghanéennes et à l’internationale grâce à sa voix tranchante et ses performances live ponctuées par son instrument préféré, le kologo. Ayisoba commence l’enregistrement de ce nouveau projet « Work Hard » au Pays-Bas, mais à son retour au Ghana, Covid oblige, il continue à chercher l’inspiration, et surtout à travailler. Ayant grandi dans l’arrière-pays, sans accès à l’école, l’artiste a toujours cru aux bienfaits du travail , alors l’oisiveté imposé par la pandémie fut pour lui une découverte. Bien qu’il ne puisse pas sortir pour travailler, il a préfèré travailler dur (Work Hard) sur sa musique et sur cet album aux neuf titres solaires.

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