Ce dimanche 02 avril, un nouveau contingent de l’armée Sud-Soudanaise est arrivé à Goma, dans le Nord-Kivu en marge du déploiement de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) censée « stabiliser la zone et imposer la paix » en appui aux forces de sécurité de la RDC et en étroite coordination avec la MONUSCO, selon la résolution du conclave de Chefs d’Etat de pays membres de l’EAC, adoptée le 21 avril 2022 à Nairobi.
Si les États membres de cette organisation sous-régionale continuent de déployer leurs troupes particulièrement dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, l’ambiguïté sur le mandat et la durée de la mission de la force militaire de l’EAC persiste.
Dans ce contexte, le député national Claudel Lubaya a adressé depuis le 23 mars, une question orale avec débat au vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula sur la nature du mandat, les visées des troupes ainsi que de la mission de la force régionale de l’EAC déjà présente sur le territoire congolais.
Dans sa démarche parlementaire, l’élu de Kananga s’est appuyé sur les propos tenus par le Président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso à l’occasion de son discours d’ouverture de la session ordinaire de mars 2023.
« En ce qui concerne les forces de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, il s’observe de manière ostentatoire qu’elles tardent à exercer le mandat offensif en appui aux FARDC, mandat pour lequel elles ont été déployées sur terrain. Elles offrent désormais à notre peuple l’image des troupes en villégiature sur le théâtre des opérations militaires, au lieu de s’engager à faire la guerre. Leur présence sur notre territoire risque de devenir inutilement onéreuse, et son impact devra faire l’objet d’une évaluation froide afin que des conséquences en soient tirées et des mesures correctives idoines qui s’imposent soient prises », a-t-il paraphrasé.
Ainsi, pour permettre à la représentation nationale de se faire une idée réelle sur la présence de la force régionale sur le territoire congolais, conformément aux prérogatives reconnues à l’Assemblée nationale et aux députés nationaux par les dispositions de la Constitution et du Règlement intérieur, la question de Claudel Lubaya se présente comme suit :
« Quelle est la nature exacte du mandat conféré aux troupes de la force régionale de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est déployées sur notre territoire » ?
A cette question, ce député national enjoint au ministre des Affaires étrangères de fournir avec détails les éléments de réponse aux préoccupations ci-après:
- Le mandat, la mission, la durée et le mécanisme de financement de la force régionale déployée en RDC;
- Le contenu du Concept d’Opérations (CONOP), de l’Accord sur le Statut des Forces (SOFA) et des Règles d’Engagement (ROE) adopté par les Chefs d’Etats de la CAE lors du conclave tenu le 20 juin 2022;
- Le statut actuel des zones libérées par le M23;
- Les progrès réalisés sur terrain ainsi que les contraintes éventuelles rencontrées depuis le déploiement de la Force régionale dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
Il faut dire que les violons ne s’accordent pas entre le gouvernement de la RDC et d’autres membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est sur le mandat des troupes déployées sur le territoire congolais. En effet, les deux parties ne parlent pas ou plus la même langue autour de cette question.
Alors que le gouvernement congolais parle d’un mandat offensif, les pays membres de l’EAC tels que la Tanzanie et l’Ouganda soutiennent avec hargne et véhémence que le mandat octroyé à la force régionale est sans équivoque « un mandat de maintien de paix ».
Pas plus tard que la semaine dernière, les autorités ougandaises ont affirmé que les troupes de l’UPDF [ de l’armée ougandaise Ndlr] ne viennent pas pour combattre les groupes terroristes, M23 en l’occurrence. Cacophonie.
Alors que le gouvernement tarde à dissiper cet imbroglio, le Parlement craint que les forces de l’EAC n’offrent aux congolais l’image des troupes en villégiature sur le théâtre des opérations militaires, au lieu de s’engager à faire la guerre. Pire, que leur présence sur le territoire congolais de devienne inutilement onéreuse.
« Son impact devra faire l’objet d’une évaluation froide afin que des conséquences en soient tirées et des mesures correctives idoines qui s’imposent soient prises », a préconisé le Président de l’Assemblée nationale.
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