La coalition d’organisations qui traquent depuis des années l’homme d’affaires israélien Dan Gertler en République démocratique du Congo se retrouve elle-même au cœur d’un scandale. Un de ses membres accuse Human Rights Watch, The Sentry ou encore LUCHA de faux et usage de faux autour d’une lettre adressée au Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
C’est un véritable coup de massue pour la coalition des ONG qui prend en chasse l’homme d’affaire israélien Dan Gertler en RDC. Le Mouvement National des Consommateurs Lésés (MNCL), membre de cette coalition composée notamment de Human Rights Watch, The Sentry, The Sentry, LUCHA, FILIMBI et d’une dizaine d’autres organisations, dénonce le fait que son nom soit associé à une correspondance adressée au Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et dans laquelle ce groupe remet en cause l’idée d’une levée des sanctions américaines à l’encontre de Dan Gertler.
En effet, le 8 mars 2023, ce collectif d’organisations a envoyé une lettre commune au Secrétaire d’Etat Antony Blinken exprimant leur « inquiétude grandissante concernant un éventuel allègement des sanctions imposées à l’homme d’affaires Dan Gertler ». « Nous estimons que les conditions légales pour la levée de ces sanctions ne sont pas remplies et que les lever nuirait aux intérêts des États-Unis en matière de lutte contre la corruption, de promotion de la prospérité en République démocratique du Congo (RDC), et le maintien de la crédibilité et de l’efficacité d’instruments de sanctions comme le programme Global Magnitsky », ont-il dit.
Problème, dans cette correspondance, le nom du Mouvement National des Consommateurs Lésés (MNCL) est repris comme signataire. Ce que l’organisation conteste aujourd’hui. Dans une lettre du 3 avril 2023 adressée au même Secrétaire d’Etat et aux autres organisations, Joel Lamika, président du MNCL, se dit « choqué, surpris et dérangé que son institution soit engagée dans une correspondance qui va en parallèle de sa position», souhaitant par ailleurs que le nom de son organisation soit retiré de cette correspondance déjà envoyée et même rendue publique.
En 2017 et 2018, les États-Unis ont sanctionné Dan Gertler, l’accusant d’avoir effectué une série de « transactions minières et pétrolières opaques et corrompues » en République démocratique du Congo. Toutefois, l’ancien président Donald Trump avait accordé à l’homme d’affaires israélien une licence d’un an, lui permettant de faire des affaires avec des entités américaines et d’accéder à l’argent gelé sur les comptes américains, une mesure qui a suscité de vives critiques de la part des groupes de défense des droits de l’homme et des législateurs démocrates. La licence qui serait finalement suspendue à la suite, autres autres, de l’activisme du collectif d’ONGs qui cible systématiquement Dan Gertler.
En fevrier 2022, le gouvernement du président Félix Tshisekedi a finalement signé un accord à l’amiable avec le groupe Ventora de l’homme d’affaires israélien afin de mettre fin au contentieux judiciaire qui les opposait… »Au nom de l’Etat congolais…un accord sur les actifs miniers et pétroliers avec l’homme d’affaires Dan Gertler…ayant repris ses actifs miniers et pétroliers, la RDC va les revaloriser et les intérêts vont profiter à sa population… [peut-on lire dans le communiqué]. Récemment, selon la presse, dans un courrier adressé à Joe Biden, le président Félix Tshisekedi a même demandé la levée des sanctions qui visent l’homme d’affaires Dan Gertler. Le président congolais affirme que ces sanctions n’ont plus lieu d’être. “M. Gertler et son groupe ont renoncé à toutes leurs licences d’exploitation d’or et de fer, à leurs permis de forage pétrolier sur le lac Albert et à une partie importante de leurs futurs revenus provenant des redevances sur le cuivre et le cobalt dus par des tiers. La valeur totale des actifs et des droits ainsi accordés à la République démocratique du Congo est estimée à environ 2 milliards de dollars américains » affirme le président congolais dans cette lettre revelée par New York Times.
Étonnamment, le collectif anti-Gertler continue d’accuser l’homme d’affaires au point donc d’aller saisir le Secrétaire d’Etat américain. Ce que le MNCL conteste, alors que l’organisation avait en effet manifesté son approbation à l’accord conclu entre le gouvernement de la RDC et l’homme d’affaires Israël Dan Gertler. Pour cette organisation, l’accord « devait être soutenu. Nous avons conclu que l’accord constituait une compensation appropriée pour la RDC. C’était la première fois que nous assistions au transfert d’actifs vers la RDC et que nous prouvions que les sanctions que nous avions soutenues étaient réellement efficaces ».
L’organisation accuse donc ses compaires de faux et usage de faux. Le MNCL précise avoir été contacté de « façon informelle pour soutenir et cosigner une lettre déjà préparée pour demander des sanctions à l’encontre de Mr Gertler. Une demande à laquelle le MNCL n’a pas répondu favorablement d’autant plus qu’il n’y a jamais eu débat entre nous sur ce sujet ».
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