L’augmentation de la violence, les catastrophes naturelles et les épidémies alimentent la détérioration de la situation sanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo, a averti vendredi 30 juin un haut responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
S’exprimant depuis la capitale congolaise, le Dr Jorge Castilla, responsable principal des urgences de l’OMS, a déclaré aux journalistes lors d’un point de presse régulier à Genève qu’il y avait eu une augmentation importante des déplacements en raison de la violence continue alimentée par des groupes armés, ayant pour conséquence qu’environ 7,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance sanitaire.
Depuis mars 2022, près de trois millions de personnes ont été chassées de chez elles dans l’est du pays, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.
Le Dr Castilla a souligné que de nombreuses personnes en déplacement avaient été attaquées à plusieurs reprises. Dans la région de Goma, « quand elles se déplacent, les maladies aussi se déplacent avec elles. Le choléra s’est propagé dans la région, et on compte maintenant 25.000 cas. La zone où elles sont arrivées enregistre le plus grand nombre ».
Le système de santé du pays est soumis à une énorme pression en raison des épidémies de COVID-19, de rougeole, de poliomyélite et de mpox. La fièvre jaune, le choléra et le paludisme sont en hausse en raison des catastrophes naturelles récurrentes et du manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les personnes en déplacement, a indiqué l’OMS.
Le choléra persiste
Les données de l’agence montrent que depuis la mi-mars, la RDC connaît en moyenne 1.000 cas de choléra par semaine. Au 12 juin, un total de 24.562 cas et 156 décès ont été signalés.
Une campagne de vaccination contre la rougeole est prévue dans les prochains jours, a indiqué l’OMS. Les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu représentent à elles seules 82% des plus de 136.000 cas de rougeole enregistrés cette année jusqu’à présent, dont 2.000 décès.
En plus de l’insécurité endémique, les inondations du début de cette année ont tué et blessé des centaines de personnes et touché 36 établissements de santé dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Kasaï et de Tshopo, augmentant encore les besoins en matière de santé.
Les attaques des groupes armés contre les établissements de santé ont également eu un impact sur la capacité à fournir des soins de santé.
Le système de santé « vraiment sous pression »
En raison des glissements de terrain provoqués par les inondations, des installations ont été détruites, et il y a eu des morts et des blessés. « Donc tout le système de santé est vraiment sous pression », a déclaré le Dr Castilla.
La faim et la malnutrition augmentent, a dit l’expert de l’OMS, forçant certains des déplacés à retourner sporadiquement dans leurs régions d’origine juste pour survivre et les exposant à de nouvelles violences, à des chocs de santé mentale et à des tensions psychosociales.
« Il y a cette augmentation de la malnutrition et cet écart grandissant entre les besoins et l’assistance », a noté le Dr Castilla. « L’ensemble du système humanitaire des Nations Unies a décidé le 16 de ce mois de procéder à un renforcement pendant trois mois pour tout le monde afin d’améliorer les actions des différents partenaires sur place ».
Près de 26 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë cette année, a-t-il ajouté, le nombre le plus élevé de personnes en situation d’insécurité alimentaire au monde.
La malnutrition aiguë touche sévèrement les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et les mères allaitantes.
Sur les 174 millions de dollars nécessaires pour fournir une assistance sanitaire d’urgence, seuls 23 millions de dollars (13%) ont été mobilisés jusqu’à présent, a indiqué l’OMS.
Avec ONU Info
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