En marge de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes célébrée le 2 novembre de chaque année, l’ONG Journaliste en danger (JED) a publié un rapport annuel sur « le Bilan de la liberté de la presse sous le premier mandat du Président Félix Tshisekedi».
Dans son rapport, JED a documenté plus de 500 atteintes à la liberté de la presse en cinq (5) ans durant le premier mandat de Félix Tshisekedi.
Pendant cette période, JED a fait savoir que près de 160 cas d’arrestations des journalistes ont été recensés et plus de 130 professionnels des médias ont été victimes des menaces ou des violences physiques sans oublier, les médias qui ont été attaqués, fermés ou des émissions interdites, soit 123 cas enregistrés.
« Alors que s’annoncent de nouvelles échéances politiques cruciales, notamment l’élection présidentielle, dans un climat de tension et de suspicion, généralement hostile à la liberté de la presse, JED considère que la sécurité des journalistes est l’une des clés essentielles de la réussite d’un processus électoral fiable et transparent », a indiqué le service de monitoring de JED.
Dans son rapport 2023, JED a également fustigé les promesses non tenues du Président de la République et constate qu’aucune action d’envergure n’a été prise, ni sur le plan politique, ni sur le plan judiciaire, ni sur le plan sécuritaire, pour rendre plus sûr le métier du journalisme.
Aussi, cette ONG a noté que la nouvelle loi sur la presse, issue des états généraux de la Communication et des médias, plus de huit mois après sa promulgation par le Chef de l’Etat, n’a jamais été publié au Journal officiel.
Le rapport-bilan de la liberté de la presse sous Félix Tshisekedi met également en relief les cas des journalistes tués ou portés disparus particulièrement dans les provinces de l’Est de la RDC en proie à l’insécurité des groupes armés.
« Au moins 3 journalistes ont été tués au cours de l’année 2021, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevé par des miliciens», a indiqué JED. Il s’agit de:
- Héritier Magayane, journaliste de la RTNC, station locale de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, qui a été tué, le 8 août 2021, à l’arme blanche par un groupe d’hommes non autrement identifiés;
- Barthelemy Kubanabandu Changamuka, journaliste de la Radio Communautaire de Kitshanga (CORAKI FM) émettant à Kitshanga, une localité de la province du Nord-Kivu, assassiné, le 9 mai 2021, dans l’enclos de son domicile par deux hommes armés en tenue civile;
-Joel Mumbere Musavuli, directeur de la Radio Communautaire Babombi, émettant à Biakato, chefferie de Babombi, territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, ainsi que son épouse qui ont été attaqués à l’arme blanche, le 14 août 2021, par un groupe d’hommes non autrement identifiés. Le journaliste a succombé de ses blessures tandis que sa femme était grièvement blessée;
- Bwira Bwalite, directeur de la radio communautaire de Bakumbole, station émettant à Kalembe dans le territoire de Wilikale (Nord-Kivu, a été enlevé par des miliciens, le 16 juin 2020 et son corps n’a jamais été retrouvé.
Pour ces cas decès précités, JED a précisé que les enquêtes annoncées au lendemain de ces assassinats, en vue d’identifier leurs auteurs ou commanditaires, ainsi que les mobiles de ces crimes, n’ont jamais été diligentées.
JED craint de la sécurité des journalistes pendant période électorale
Dans cette optique, JED considère que la sécurité des journalistes est l’une des clés essentielles de la réussite d’un processus électoral fiable et transparent.
À ce sens, l’ONG JED a évoqué dans son rapport le cas de Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant du magazine Jeune Afrique et également directeur de publication adjoint du site d’information congolais ACTUALITÉ.CD qui a été arrêté le 8 septembre à l’aéroport de Kinshasa-Ndjili.
Pour Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED, « quels que soient les motifs avancés pour justifier cette arrestation, tout laisse croire que cette affaire est plus politique que judiciaire. Raison pour laquelle, JED demande au Président de la République, en sa qualité de Magistrat suprême, de lancer un signal fort pour marquer la fin de son premier mandat, en ordonnant la libération du journaliste Stanis Bujakera, victime d’un acharnement judiciaire alors qu’il doit bénéficier de sa présomption d’innocence, et de tous les autres journalistes arbitrairement privés de leur liberté en provinces».
Dans un appel lancé, le 19 octobre 2023, aux candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre, Reporters sans frontières (RSF) leur avait demandé de s’engager à soutenir la liberté de la presse et promouvoir la sécurité des journalistes, et d’affirmer leur soutien à la demande d’abandon des charges contre Stanis Bujakera dont le procès est en cours.
Ce rapport de JED a rappelé qu’il y avait eu 85 cas de violation de la presse en 2019, 116 en 2020, 110 en 2021 et 124 autres en 2022.
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