Depuis la prison, les jeunes reconnus coupables de cybercriminalité au Bénin ont adressé une lettre au président Patrice Talon ainsi qu’à d’autres autorités judiciaires. Dans ce courrier, ils expriment leur mea culpa et demandent une seconde chance pour se racheter.
Depuis la prison, les cybercriminels sollicitent la grâce du président Patrice Talon
En avril 2023, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) indiquait qu’il y avait plus de 1 000 personnes détenues pour des faits de cybercriminalité entre 2020 et avril 2023. Un bilan alarmant qui révèle l’ampleur du phénomène. Au fil du temps, les mis en cause semblent avoir pris conscience de la gravité de leurs actes. C’est du moins ce que laisse entendre leur dernière démarche vis-à-vis du président de la République et de certaines hautes autorités.
En effet, dans une lettre adressée au Chef de l’État du Bénin, au président de la Cour suprême et à la présidente de la Haute Cour de justice, les cybercriminels emprisonnés reconnaissent leurs torts et demandent une « faveur » pour revenir dans le droit chemin. « En réalité, nous ne méritons pas de vous envoyer une lettre, car nous reconnaissons que nous avons agi en hors-la-loi. Nous méritons ce qui nous arrive, voire pire », ont-ils écrit dans leur courrier.
Ces jeunes, pour la plupart détenus dans l’un des établissements pénitentiaires les plus connus du Bénin, plaident coupables et admettent avoir défié les autorités judiciaires en violant la loi. « Nous voilà en train de payer le prix, et c’est normal, car nous le méritons. Mais c’est avec un cœur plein de regrets et d’amertume que nous vous adressons cette lettre, espérant que vous nous accorderez la faveur de votre bienveillance en ayant une pensée positive à notre égard. En effet, nous avons laissé une famille derrière nous, qui nous pleure comme si nous n’étions plus de ce monde », peut-on lire dans leur missive.
Entre les murs sombres de la prison, les jeunes condamnés pour arnaque en ligne et autres infractions liées à la cybercriminalité ont réalisé qu’ils ont perdu un bien précieux : la liberté. Ils implorent le pardon et la grâce du président Patrice Talon et des institutions judiciaires.
Une lutte implacable…
Depuis sa création, la CRIET, appuyée par l’OCRC, aujourd’hui renommé Centre national d’investigations numériques (CNIN), mène une lutte sans relâche contre la cybercriminalité. Inflexible, cette juridiction spéciale est reconnue pour la sévérité des peines infligées aux prévenus dans les dossiers de cybercriminalité. L’objectif est clair : réprimer et dissuader.
Cette fermeté affichée par le Bénin face à ce fléau lui a d’ailleurs valu un meilleur classement dans le rapport de l’Indice global de cybersécurité, publié le 29 juin 2021. Une avancée qui redore l’image du Bénin aux yeux des investisseurs, lesquels avaient commencé à perdre confiance.
Cependant, le président de la CRIET fait face à un dilemme. « Condamner systématiquement ces jeunes, c’est compromettre immédiatement l’avenir du pays (Bénin). Ne pas les condamner, c’est détruire l’image du pays, faire douter les investisseurs, les faire fuir et ainsi compromettre, in fine, l’avenir de ce même pays », a-t-il déclaré lors d’une récente sortie médiatique.
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