L’abattoir public, lieu où sont égorgés les animaux consommés dans la ville de Beni, est un centre commercial et lieu d’approvisionnement des grossistes de la viande de bœuf dans cette ville du Nord-Kivu. Mais cela n’empêche pas les acheteurs d’une quantité réduite de bénéficier de ce service.
Au quartier Boikene dans la ville de Beni, sur un terrain assez accidenté, est érigé un hangar qui accueille l’abattoir public de la ville de Beni. Bouchers, vendeurs, acheteurs, curieux et autre personne en quête de petits morceaux de viande qui tombent envahissent cet espace public qui a été érigé en 2011. Avant même l’ouverture des offices, des clients, des moto-taxis sont visibles. Mais cela ne perturbe les bouchers qui respectent leur horaire de travail.
« Comme tous les services, on débute le travail à 7h30. On termine généralement à 15 heures s’il n’y a plus des bêtes à abattre. Mais il y a des saisons où il y a beaucoup d’acheteurs. On peut aller au-delà de cette heure. Les acheteurs viennent des quatre coins de la ville. Ils viennent chercher la viande ici », explique Esdras Ndesi, boucher au niveau de l’abattoir public de Beni.
L’abattoir constitue certes un lieu décisif pour la sécurité sanitaire des aliments. Des agents des services vétérinaires y sont postés et travaillent aux côtés du personnel de l’abattoir pour assurer le contrôle sanitaire des denrées produites.
Une procédure à respecter
A gauche de ce hangar, broutent des bêtes qui attendent leur tour chez le boucher. Ce cheptel à abattre est surveillé par un groupe de bouviers dont la rigueur et des gestes anticipatifs empêchent la divagation du troupeau.
Non loin de cet espace et sous les arbres se déroule l’une des activités centrales de cet abattoir. C’est là que les bouchers abattent des animaux.
Les abatteurs immobilisent la bête attachée aux cordes, l’égorgent et la découpent. La viande est portée jusque dans le hangar de l’abattoir. Les gros morceaux sont ainsi accrochés pour le plaisir des clients.
Mais bien avant cette étape, il y a des formalités sanitaires qu’il faut impérativement accomplir. C’est ce qu’explique explique Fidèle Mukobo, premier conseiller des bouchers du Grand Nord :
« La bête est consultée par les services spécialisés notamment des vétérinaires. Après les résultats, ces services délivrent une fiche qui permet à la personne d’aller abattre la bête. Il y a des bouchers qui sont sensés abattre la bête et l’amener à l’abattoir. Pour être boucher, il faut être reconnu au comité et au service. On contrôle toujours parce que la sécurité est l’affaire de tout le monde. Après l’abattage, des services passent voir si la viande est propre pour la consommation. On prélève des échantillons, on fait l’expertise pour confirmer que la viande est prête pour la consommation ».
L’Ouganda, le grand fournisseur
C’est après cette étape que la viande est envoyée au lieu de vente. Les grossistes et détaillants viennent négocier les kilos à acheter. La viande est découpée en petits morceaux, selon la quantité commandée sur cet étalage. C’est cette viande qui est revendue dans la ville, à travers les boucheries entretenues par de petits commerçants.
Ce sont ces jeunes commerçants, des femmes vendeuses et des grossistes qui rythment le travail des bouchers. C’est sur base de leurs commandes que l’abattoir aligne les bêtes à dépecer.
Ce cheptel vient principalement de l’Ouganda, précise Fidèle Mukobo.
« Il y a des gens qu’on appelle des fournisseurs. Ils partent chercher les bêtes en Ouganda. Ils viennent les revendre auprès des bouchers. Ces fournisseurs sont les mieux placés. Parce que dans la zone, à cause de la guerre, les gens ne veulent plus élever des bovins », indique-t-il.
Rendre l’battoir communautaire opérationnel
Mais cet abattoir ne réunit pas les conditions exigées pour que la viande qui sort de là soit exempte de toute infection. Et pourtant, à côté de cet abattoir construit provisoirement, mais devenu définitif, trône un bâtiment comptant six pièces. C’est là qu’est érigé le nouvel abattoir communautaire de la ville de Beni, financé par la Banque mondiale et le Fonds social de la République dans le cadre du Projet pour la stabilisation de l’Est de la RDC. Ce bâtiment, déjà inauguré, n’est pas toujours exploité par les bouchers à cause de son exiguïté et d’absence d’aération, note Fidèle Mukobo.
« Ici il n’y a pas d’espace. Nous demandons aux autorités d’envoyer les ingénieurs qui peuvent améliorer les conditions de ce bâtiment. L’abattoir doit être ouvert. Il faut que cela soit un endroit capable d’accueillir 20 ou 30 bêtes. Il y a des chaînes qu’il faut monter afin que la viande soit propre. Ces chaînes permettent de suspendre la carcasse », argumente premier conseiller des bouchers du Grand Nord.
Cet abattoir communautaire, qui a coûté 102 000 USD aux bailleurs, demeure un bâtiment inexploité. D’où l’appel à son adaptation aux conditions voulues par les bouchers. En attendant, l’abattoir public continue d’égorger des bêtes pour la joie des vendeurs et des consommateurs.