Fer de lance du label de réappropriation culturelle électronique Shouka Records, le producteur tunisien Ghoula (ogresse) annonce son retour ainsi que son second album avec « Jougar », un single à découvrir en exclusivité sur PAM.
Qu’il s’agisse de Nuri, Mettani ou de Ghoula (de l’arabe al-ghoûla, « l’ogre »)… chez Shouka Records, on avance masqué. Au crépuscule de l’année, l’écurie électronique tunisiano-lyonnaise continue de déployer son motto sur le monde libre : « musiques du tiers monde et réappropriation culturelle ». Alors que le label s’apprête à sortir de nouvelles pépites du producteur Khalil EPI – turbulente moitié du duo Frigya – et que le premier et très attendu album d’Arabstazy serait à l’étude nous dit-on, la maison discographique vient de lâcher « Jougar », nouveau single du second album de Ghoula.
« Jougar est le nom d’un village dans les montagnes de Tunisie, au sein du gouvernorat de Zaghouan » nous a expliqué le producteur. « En fait, je cherchais à enregistrer des voix de femmes et des chants oubliés, et j’y ai rencontré trois chanteuses que j’ai enregistrées. »
Bercé de Bass music décentrée et d’expérimentations mosaïques, le producteur tunisien signe ici un hit pulsionnel, progressif, tourné vers le club, mais solidement ancré dans le patrimoine sonore populaire nord-africain : « Pourtant, je ne suis pas spécialiste du patrimoine tunisien » confie Ghoula. « Mon approche n’est pas académique, même si j’ai eu la chance d’avoir accès à certains fonds nationaux, comme celui de l’association Nejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd. En fait, j’écoute, et, si je ressens un truc à développer, alors je prends mon clavier ou ma guitare. C’est très subjectif et sensible comme approche. « Jougar », comme les autres morceaux de l’album à venir, partent d’abord d’une découverte et d’un kiff. Quand j’ai commencé ce morceau, j’ai tout de suite senti que ça marcherait bien, car il y a deux énergies qui se confrontent, l’une très fluide et stable, l’autre vibrante. Presque frénétique. J’aime cette dynamique de question-réponse dans la musique, et ce mouvement perpétuel qui induit la transe. J’y vois là le point commun entre le stambeli, la funk, ou encore la musique d’Aphex Twin ou celle d’Amon Tobin. »
Avec à son premier album « Hlib El Ghoula »(Lait d’Ogresse) paru en 2016 sur le label Shouka, Wael « Ghoula » Jegham égrenait des fragments de son héritage musical nord-africain avec des pointes d’IDM ou de sonorités issues de la culture beat-making. Célébré dans nos pages et partout autour de la Méditerranée, ce premier effort laissera place début 2023 à Demi-écrémé, le second album du producteur.
Ecoutez « Jougar » dans notre playlist afro + club sur Spotify, Apple Music et Deezer.
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