Invité jeudi au Parquet général près la Cour de cassation, l’ancien Ministre congolais du développement rural, Justin Bitakwira, a été personnellement auditionné par la justice qui lui reprocherait « d’un discours à caractère tribal » contre la communauté Tutsi. Bitakwira a tenu des propos jugés « stigmatisants » au cours d’une émission télévisée datée du 6 juillet à Kinshasa.
« J’ai été bien reçu par l’inspecteur qui m’a auditionné, ensuite, j’ai été reçu par le Procureur général. Il s’agissait de mon émission à la télévision que j’ai faite à la télévision Bosolo na Politik avec Mutombo Israël. J’ai dit à l’inspecteur que je ne saurais répondre aux différentes questions que vous allez me poser si vous n’avez pas encore lu le livre Holocauste au Congo de Charles Onana. Parce-que je n’ai fait que commenter ce qui est écrit dans le livre Holocauste au Congo. Quand vous aurez lu ce livre, nous aurons la même compréhension. (…) Il est question de leur donner peut-être deux semaines, qu’il termine de lire ce livre que je ne fais que paraphraser », a-t-il dit, au sortir du Parquet.
À l’en croire, Bitakwira affirme n’avoir fait que son travail d’informer et d’éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale sur notamment « la tragédie que le Rwanda de Kagame commet d’ici 20 ans ou même plus en République démocratique du Congo ».
Le 17 juillet, l’ambassadeur Jean-Marc Châtaigner a, dans une correspondance au nom de l’union européenne, jugé obscènes les propos de Justin Bitakwira à l’égard des peuples autochtones et des propos haineux à l’égard des membres de la communauté Tutsi congolaise. « C’est donc pour nous un cas de récidive qui mérite l’attention collective », avait-il écrit.
En réaction, Justin Bitakwira parle d’une forme de colonisation. « le dommage est que nous allons dans la période de la colonisation sans le savoir », a-t-il lancé, peu avant de poursuivre « quand on voit un ambassadeur de surcroît qui n’a que le Ministre des affaires étrangères comme accréditeur commencer à donner des injonctions aux membres de gouvernement ça c’est un danger public. Et aussi, il ne faut pas ignorer que le malheur qui frappe la RDC, dans le livre de Charles Onana, l’Union européenne est complice ».
Pendant ce temps, une communauté « touchée » a, dans une correspondance consultée par POLITICO.CD, lancé mercredi une mise en garde à l’égard de Bitakwira. « La Communauté BASHI-BAHAVU CINYABUGUMA asbl a suivi avec affliction, dans les médias sociaux et traditionnels, vos sorties médiatiques dont celle passée dans l’Émission BOSOLO NA POLITIK en date du 6 Juillet 2023. À en croire, vos propos, vous avez lancé un message selon lequel les Bashi – Bahavu seraient de connivence avec le Rwanda dans l’agression contre notre Pays la République Démocratique du Congo. La Communauté condamne avec la dernière énergie vos propos décriés », déclare cette ethnie.
« Que cela étant, nous vous enjoignons de passer par les mêmes canaux dont vous vous êtes servi pour détruire notre peuple et son image de marque afin de réaliser une réparation illico de ces préjudices graves. La Communauté vous fixe un délai de 7 (sept) jours, dès réception de la présente. Faute de vous d’y satisfaire, les BASHI – BAHAVU vous y contraindraient par toutes les voies de droit afin de rétablir son honneur et protéger la Population de Sud-Kivu contre vos messages de haine. Nous tenions à vous en aviser et votre diligence nous obligerait », a lancé la même communauté.
Serge SINDANI
